Le mythe d'Orphée et Eurydice

Publié le par Bienvenue chez Corinne

 

 

 Orphée 7

 

Introduction

Par ces lignes, je vais tenter de résumer et analyser le mythe d’Orphée et Eurydice. La légende est magnifique, elle relate un amour passionnel et tragique entre un poète : Orphée et une nymphe : Eurydice. Cette histoire date de la Grèce antique, et a été transmise oralement par les aèdes (poètes grecs). Plus tard, Virgile (les Georgiques) et Ovide (les Métamorphoses), ont proposé deux interprétations différentes du mythe.

Etymologie du nom Orphée

L’étymologie du nom « Orphée » est incertaine. Mais selon certains mythologues, « Orphée » dériverait d’une racine grecque signifiant « obscure », et ayant donné les termes « nuit », « obscurité », « ténèbres ». Orphée serait donc celui qui transperce l’obscurité.

Orphée 2  

Une version du mythe

Jadis, dans une région de la Grèce appelée la Thrace, vit un poète et musicien : Orphée, fils du roi de Thrace : Oeagre et de la muse Calliope. Accompagné de sa célèbre lyre, par son immense talent, Orphée sait subjuguer la nature, les animaux, les humains ou encore les dieux. Chacun s’arrête au rythme de ses mélodies envoûtantes. Et est animé par de la joie, ou de la tristesse suivant les airs de sa douce musique. Un jour, Orphée succombe au charme d’une nymphe : Eurydice et l’épouse. Mais celle-ci est mordue au mollet par un serpent, le jour même de leur mariage. Ivre de douleur, Orphée décide d’aller rechercher sa bien-aimée aux enfers. Après un long voyage, il s’arrête au seuil du royaume des ténèbres, pour affronter Cerbère : l’énorme chien qui garde les enfers.

« Ecoute mon chant, Cerbère !
Hier encore, j’étais un homme heureux.
J’étais le poète admiré par tous ;
Ma voix était claire, mes paroles droites,
J’avais à mon côté Eurydice, ma compagne,
L’être aimé qui partageait ma vie.
Elle est morte, chien,
Piquée par un serpent
Dans l’herbe grasse du champ
Qui bordait ma demeure.
Tu peux me dévorer et m’envoyer là-bas,
Dans ce lieu que tu gardes.
La vie sans Eurydice est une trop longue souffrance ». (Marc Buléon)

Emu, Cerbère le laisse poursuivre sa route. Plus tard, Orphée voit le Styx, le fleuve qui protège le royaume d’Hadès. Il part à la rencontre d’un sinistre vieillard : Charon, immobile, debout sur sa barque. Alors, il le supplie de le laisser traverser le fleuve.

« Ecoute mon chant, passeur !
Sur l’autre rive du fleuve séjourne mon aimée.
Tu as du transporter son âme, hier à l’aube.
Elle est partie, emportant avec elle la moitié de mon être,
La moitié de mes yeux, la moitié de ma voix.
Je ne suis plus qu’une ombre que je désire mêler à celle d’Eurydice.
Laisse-moi passer, Charon ! » (Marc Buléon)

Et Charon cède. Une fois la traversée accomplie, Orphée arrive au centre des enfers, où trônent Hadès : dieux des enfers et son épouse : Perséphone. Il s’adresse à cette dernière :

« Ecoute mon chant, fille de Zeus ! Si je suis venu seul dans ce lieu d’épouvante, c’est que je n’ai plus qu’une seule idée en tête, laisser mon âme errer près de celle d’Eurydice. Mais les plaintes de ces morts résonnent à mes oreilles en un chant de douleur qui vraiment trop m’effraie. Alors, je te supplie de convaincre le dieu de laisser celle que j’aime revenir à la vie. Qu’il défasse la trame du destin d’Eurydice ! Elle est trop jeune pour supporter ces cris. Sur terre l’amour est un dieu bien connu. L’est-il de même ici ?
Souviens-toi, Perséphone,
Quand Hadès t’enleva ;
Quand pour la première fois il te prit dans ses bras,
T’installa sur sa couche.
Souviens-toi de ce chant qui jaillit de ta bouche !
Ce sont de ces chants-là que se nourrit l’amour. » (Marc Buléon)

Que ce chant est beau et émouvant ! Perséphone se tait et se tourne vers Hadès. Celui-ci rend sa décision :

« Approche, Orphée ! Ecoute et obéis !
Pour plaire à mon épouse, j’accepte qu’Eurydice quitte mon royaume. Tu iras en premier ; tu reprendras la route qui conduit vers la vie. Eurydice te suivra quelques mètres en arrière. Cependant je ne veux qu’à l’ombre des enfers, un seul regard de toi se pose sur son corps. Si tu enfreins ma loi et que tu retournes avant que ton aimée n’ai revu la lumière, elle reviendra vers moi, pour l’éternité. » (Marc Buléon)

A nouveau, il traverse le fleuve, il marche, marche, mais ne sait pas si sa tendre moitié est derrière lui. Il ne l’entend pas. Où est Eurydice ? Alors, le doute s’empare de lui. L’amour est trop fort. Il n’en peut plus et soudain, il cède.
« Il s’arrête, se retourne, et voici qu’aux portes de la vie, il brise son espoir et le pacte funèbre ».Virgile (livre 4 des Géorgiques)

Malheureusement, il la perd pour toujours. Le malheur s’abat une nouvelle fois sur Orphée. Désormais, sa vie n’est plus que souffrance. Pendant sept jours, il erre le long du Styx, espérant de nouveau pénétrer dans le royaume des ténèbres. Hélas, en vain !

Il revient sur terre et se réfugie dans une région montagneuse. Toutes les larmes de son corps ne suffisent pas à apaiser sa terrible douleur. Alors, de sa bouche sort le plus poignant des chants. Les animaux, la nature, les hommes : chacun partage sa souffrance. Et Orphée ne vit plus que dans la mémoire de son épouse. Il fuit toute union avec d’autres femmes. Furieuses de se voir ainsi méprisées, les Bacchantes le coupent en morceaux et le jettent dans le fleuve Hèbre. Sa tête, même détachée, roule dans les tourbillons de l’Hèbre, et il continue à chanter :

« Pourtant, tandis qu’aux flots tumultueux de l’Hèbre roulait sa tête exsangue et s’enfuyait son âme, ses lèvres dans la mort appelaient Eurydice et l’écho des vallées redisait : Eurydice » (Virgile, les Georgiques)

« Puis arrivée à la mer, les courants l’emportèrent vers Lesbos où furent fondés un sanctuaire et un oracle. Les muses en larmes recueillirent ses membres et les enterrèrent au pied du mont Olympe où le chant du rossignol est plus beau que partout ailleurs ».

    les Bacchantes

Interprétation du mythe

Ce mythe, fondateur de la poésie, est d’une immense beauté. Il est la sublimation de l’amour. Orphée, fou de douleur suite au décès d’Eurydice, fait preuve de courage pour aller la rechercher au royaume des ténèbres. Ses chants si émouvants font céder à la fois le chien Cerbère, le passeur Charon, Hadès : le dieu des enfers et son épouse : Perséphone. Mais, l’unique condition pour retrouver le chemin de la lumière est de ne pas se retourner, pour ne pas connaître les mystères de l’au-delà. .Mais, la passion l’emporte sur la raison. Orphée brûle les interdits, il commet la faute irréparable en se retournant et son regard tue Eurydice. Elle meurt une deuxième fois. Quelle fin tragique ! Et c’est dans le deuil de sa moitié, que le chant d’Orphée atteint son apogée. Jamais l’amour n’a été aussi pur, aussi beau, aussi fort.

Le mythe d’Orphée : source d’inspiration

Le mythe d’Orphée et Eurydice a beaucoup inspiré les peintres, sculpteurs, poètes et musiciens. Je vous laisse rêver à la lecture de ce texte superbe, féerique, écrit par Jules Supervielle. Il est empreint de douceur, de poésie.

Orphée

Jusqu'à lui le vent dans le feuillage était sans voix, la mer lissait ses vagues dans le plus grand silence, la pluie tombait sans murmure sur les toits et on parlait beaucoup du mutisme des torrents et des cascades. La nature attendait son premier poète. 
Les oiseaux vous regardaient avec leur chanson inerte au fond du bec. C'est Orphée qui délivra la gorge des rossignols. Et ils chantent encore de nos jours comme au temps du premier poète, ils marquent l'heure d'Orphée.
Et si les poissons gardent le silence, c'est que, vivant déjà dans l'eau, ils ne purent entendre la voix du poète. Mais les sirènes dont la queue seule est poissonnière purent profiter de sa leçon. C'est grâce à lui que les hirondelles surent comment s'y prendre pour apporter des nouvelles de l'horizon. Et si Orphée n'était pas mort si jeune, il aurait d'espace en espace donné une voix à la lune, au soleil, aux étoiles et même à celles que l'on ne verra que dans les siècles et les siècles. (…)

     Orphée 9

  Corinne 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Mythologie

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Z
<br /> <br /> C'est magnifique !<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Un grand merci.<br /> <br /> <br /> Je suis très touchée.<br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br /> Corinne<br /> <br /> <br /> <br />